Une si longue lettre (M. Ba)

Publié le par Pensées et réflexions...

Une femme du Sénégal, Ramatoulaye, adresse à sa meilleure amie une longue lettre pendant la réclusion traditionnelle qui suit son veuvage. Elle y évoque leurs souvenirs heureux d'étudiantes impatientes de changer le monde, et cet espoir suscité par les Indépendances. Mais elle rappelle aussi les regards forcés, l'absence des droits des femmes.

Tandis que sa belle-famille vient prestement reprendre les affaires du défunt, Ramatoulaye évoque alors la douleur, le jour où son mari prit une seconde épouse, plus jeune, ruinant vingt-cinq années de vie commune et d'amour.

Une si longue lettre est une oeuvre majeure, pour ce qu'elle dit de la condition des femmes. Ramatoulaye met à profit les 40 jours de deuil que lui impose la tradition pour faire le point sur sa vie et pour réfléchir aux problèmes auxquels la société qui l'entoure doit faire face : polygamie, castes, exploitation de la femme.

Ses douleurs, ses obligations sociales, familiales et religieuses qu'elle subit Ramatoulaye et qu'elle supporte dramatiquement. La détresse, qu'engendre le partage imposé par la polygamie, est au coeur du livre. Mais elle sert de passerelle à des confidences essentielles sur l'éducation sexuelle des filles, l'affirmation de la valeur de leur corps, leurs droits ou plutôt l'absence de droits et la place des femmes en politique. Au-delà des souvenirs évoqués, c'est un tableau vivant et terriblement juste de la femme africaine qui se dessine entre les lignes.

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